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Ils ne nous aiment pas…
Ça, je l’ai toujours dit: il n y ‘a jamais et n’a jamais eu de philanthropie en matière de relations internationales. En effet, c’et plutôt l’égoïsme étatique, le cynisme politique, selon une appropriation moderne du machiavélisme, qui caractérise les rapports entre les états et non l’amitié qui n’est qu’un subterfuge, un slogan diplomatique, un masque pour cacher les véritables velléités des états. D’où une tendance néo-réaliste, une approche dominante en relations internationales : les états s’appuient sur une sorte de «raison d’état » pour justifier leurs agissements. Autant dire, que ces super puissances qui se disent amis d’Haïti adoptent le même discours routinier, lequel ne renvoie qu’à un simple langage détourné, dissimulant leurs intentions réelles.
Voila le discours qui justifie la présence de la MINUSTHA dans le pays. C’est au nom de l’amitié que cet organe subsidiaire des nations unies débarque en Haïti. Or suivant la charte de San Francisco, pour qu’un pays fasse l’objet d’intervention d’une organisation de maintien de la paix(OMP), il faut que ce pays représente un danger pour l’ordre sécuritaire international. Haïti s’est-elle révélée à un moment précis de son histoire récente un accroc à l’ordre sécuritaire international ? Non ! Que c’est bête d’oser attribuer l’existence des casques bleus sur notre sol à un élan salvateur des nations unies ! Dans l’ordre international, tout se fait suivant un calcul d’utilité, soit une forme d’appropriation politique du mercantilisme.
Le rapport entre la République dominicaine et Haïti en est un autre exemple très illustratif de la négation de toute tendance philanthrope dans les relations inter étatiques. On pouvait aisément se tromper de comprendre que la République voisine a fait un geste empreint de magnanimité et d’humanité après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, en contribuant à l’aide humanitaire. On pouvait comprendre également sans casse tête que le don d’un campus universitaire à Haïti était une action civilisatrice de la part de la République voisine, Mais à la vérité ce sont des actes de haute portée diplomatique purement et simplement pour camoufler leur animosité historique envers Haïti.D’ailleurs quelques années plus tard, le gouvernement dominicain allait administrer une grande gifle aux dominicains d’origine haïtienne, en leur privant les droits civils et politiques à travers l’arrêt 168-13, les convulsant dans l’apatridie qui est une forme de mort sociale et civile. Ainsi, comprenons-nous que La haine des dominicains en vers les haïtiens est une affaire institutionnalisée. Même les structures officielles s’inscrivent dans cette dynamique rétrograde d’anti haitianisme qui est sans doute à l’origine des pires cruautés et des barbaries que nos compatriotes ne cessent de subir de l’autre coté de la frontière. Malgré cette tendance systématique de violence, de discrimination et de xénophobie contre les haïtiens, jamais un responsable politique ne hausse le ton pour dire : halte là. Ceci dit, même dans la plus haute sphère de l’état dominicain, la bêtise anti-haïtienne se cautionne. Pourtant, la diplomatie dominicaine va toujours dans un sens pour témoigner de l’amicalité des relations entre les deux pays. Voila donc un modèle archétypique d’hypocrisie dans les relations inter étatiques.
Fort de cela, l’état haïtien doit désormais s’engager dans une bataille visant à refaire son image sur les plans interne et externe, en créant des conditions socio économiques suffisantes capables de retenir l’haïtien chez lui, en redéfinissant pour le moins sa politique internationale vis à vis des pays que Jean Ziegler nomme les « nouveaux maîtres du monde », notamment avec la République dominicaine pour cesser d’être le cobaye d’expériences hégémoniques et l’objet d’humiliation de la part d’un petit pays qu’Haïti avait occupé pendant plus de vingt ans.
John Wesley DELVA« Le dernier coup de plume de Martelly au Carrefour du ratageFidèle à son habitude , Germain est en train d'investir dans le social »
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