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Pour l’utilisation du Créole haitien comme langue principale d’enseignement en Haïti
Si le créole s’utilise dans l’enseignement en Haïti, surtout avec la reforme Joseph C. Bernard. Il n’en demeure pas moins qu’il reste une langue de seconde zone. Pourtant, c’est l’une de nos langues officielles et c’est la langue la plus utilisée dans le pays, le français étant la langue d’une minorité.
Et c’est l’une des causes de l’échec scolaire voire de la déperdition scolaire. Essayons de bien comprendre le contexte de l’apprentissage en Haïti : L’apprenant vit dans un milieu créolophone, il passe le plus clair de son temps à entendre le créole ;il ne passe que vingt-cinq heures dans le milieu scolaire où il entend et bredouille le français. Or, tous les livres sauf celui de l’enseignement du créole sont en français. De plus, les textes d’examens sont en français et la traduction des textes est souvent demandée en français.
Que d’élèves ont échoué pour n’avoir pas compris la consigne ou le libellé du texte d’examens, ce qui n’arriverait jamais s’ils étaient instruits dans leur propre langue maternelle !
Très souvent, même le professeur se trompe, en passant le texte du français au créole pour favoriser la compréhension de ses élèves et il se trompe également lors des corrections des textes des élèves dépendamment de la richesse de son vocabulaire.
Je me souviens, en classe de 9eme année fondamentale (on l’appelait 4eme secondaire) avoir vu un professeur souligner à l’encre rouge le mot rivés dans le membre de phrase : « Les téléspectateurs, les yeux rivés sur l’écran, suivaient avec passion ce match fort intéressant ….. »C’est une conviction et même un constat que tous les instituteurs et les professeurs ne peuvent pas aisément s’exprimer dans la langue voltairienne.Pourquoi vouloir garder le français comme langue d’enseignement ? Pourquoi vouloir toujours l’échec de la postérité ?
La méthodologie de l’enseignement des langues utilisée est tellement inappropriée qu’après quatorze ans d’apprentissage du français peu d’apprenants peuvent le parler couramment et qu’après sept années d’études de l’anglais et de l’espagnol les finissants ne peuvent s’exprimer en ces deux langues. Alors pourquoi conserver une méthode qui ne donne pas les résultats escomptés ?
Comme, il est de principe qu’un élève apprend mieux dans sa langue maternelle, ne serait-il pas mieux, au lieu de perpétuer l’échec, de faire du créole la langue principale de l’enseignement ?
Ainsi, tous les livres d’enseignement seront en créole sauf les livres d’apprentissage de langues qui seront écrits dans la langue concernée. Là, également un effort doit être fait pour que les textes soient traduits en créole et non en français, comme cela se présente dans la méthode actuelle.
Outre la confection de manuels et de matériels scolaires en créole pour les apprenants, les instituteurs et les professeurs, les textes d’examens à l’exception des textes de langue vivante doivent être préparés en créole.
Et , en dernier lieu, il serait mieux que si l’on veut vérifier si l’élève peut passer d’une langue étrangère à l’une des langues officielles du pays, la priorité doit être accordée au créole et non au français que l’élève comprend peu.
Ainsi au lieu d’apprendre à traduire de l’anglais ou de l’espagnol au français, l’élève apprendra à passer les mots, les expressions, les phrases de l’anglais, de l’espagnol ou du français en créole, qui deviendra la pierre angulaire et qui l’est d’ailleurs.
Le créole, par son alphabet simple, facilitera l’apprentissage de nos élèves qui maitriseront plus facilement les matières prescrites et enseignées.
La pédagogie actuelle est celle de l’élite, des génies mais la nouvelle pédagogie doit permettre l’adaptation de la masse des apprenants, la majorité dont les parents et l’entourage, en général, sont créolophones.-
Dans cette nouvelle conception de l’enseignement, les rédacteurs des matériels et manuels scolaires doivent tenir compte des particularités de notre terroir, de nos traditions de nos coutumes, en général, de notre univers matériel et spirituel.
A titre d’exemple, on ne parlera pas de chameau, de loup, de blé et d’autres éléments d’un autre pays dans les premières étapes de l’apprentissage ;on ne forme pas des étrangers mais des Haïtiens.
Avec cette nouvelle méthode, les jeunes haïtiens s’adapteront mieux et seront plus compétitifs.Me Lenor Julien Av./LP.
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